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La Coalition européenne pour la mobilité des apprentis s’est réunie le mercredi 24 septembre à la Commission européenne afin de réaffirmer l’engagement de l’UE à faire de la mobilité internationale un axe majeur de l’enseignement et de la formation professionnels (EFP). Organisé par Valérie Hayer, présidente du groupe Renew Europe, l’événement a réuni les commissaires Roxana Mînzatu et Nicolas Schmit, des députés européens, des représentants de la Commission européenne, ainsi que les membres de la coalition venus de toute l’Europe. Ensemble, ils ont discuté des conditions à renforcer pour atteindre l’objectif fixé par le Conseil de l’UE : 12 % des apprentis et apprenants de l’EFP en mobilité d’ici 2030.

Déclarations d’ouverture

Dans la perspective d’atteindre cet objectif, les discussions ont porté sur les progrès réalisés dans le domaine de la mobilité des apprentis et de l’EFP, les freins persistants au niveau européen, ainsi que les prochaines étapes pour démocratiser l’accès à la mobilité.

 

Dans son intervention, la commissaire Mînzatu a souligné l’importance de la formation professionnelle, en mettant en lumière une dissonance entre l’offre et la demande dans l’EFP :

 

« Il est paradoxal que, tandis que l’Europe souffre de pénuries de main-d’œuvre dans des secteurs largement liés aux métiers en tension auxquels l’EFP prépare, nous constations encore un déficit de diplômés dans l’enseignement professionnel. »

 

La députée européenne Valérie Hayer a abondé dans ce sens, rappelant l’importance stratégique de la mobilité pour le marché du travail européen :

 

« Si nous voulons rester compétitifs, nous avons besoin de personnes qualifiées. C’est pourquoi la mobilité des apprentis doit figurer tout en haut de nos priorités. »

 

La commissaire a également souligné les bénéfices sociaux éducatifs de la mobilité contribuant de manière concrète à la construction d’une identité européenne :

 

« Il ne s’agit pas seulement de compétences pour le marché du travail, mais aussi de compétences pour la citoyenneté. »

 

De son coté, Jacqueline Pacaud, représentante de la Direction générale de l’éducation, de la jeunesse, du sport et de la culture, a rappelé que :

 

« 98 % des participants [Erasmus+] se déclarent satisfaits ou très satisfaits de leur mobilité, et environ 90 % estiment que cette expérience a renforcé leur sentiment d’appartenance à l’Europe. »

Témoignages de la coalition

À la suite de ces interventions, les membres de la coalition ont pris la parole pour présenter leurs actions et leur impact pour les apprentis. Robert Stolzenberg, de l’Institut pour la qualité scolaire et la recherche en éducation en Bavière, a partagé une anecdote personnelle :

 

« Hier, j’ai vu un groupe d’élèves de l’EFP dans un train à Stuttgart, en route vers la France. En les écoutant, j’ai compris que ce n’était pas juste un trajet en train vers la France, mais un véritable voyage vers la lune. Ils étaient à la fois effrayés et enthousiastes. C’est un impact totalement différent lorsque l’on travaille dans l’enseignement professionnel. »

 

Les membres ont ensuite évoqué les difficultés rencontrées dans le développement des mobilités internationales. Les principales problématiques mentionnées ont été : la reconnaissance des mobilités, l’hétérogénéité des cadres juridiques, et le prochain cadre financier pluriannuel (CFP) de l’UE. Rita Festi de la Scuola Centrale di Formazione en Italie a précisé que :

 

« Le cadre juridique est flou – contrairement à la France, en Italie, la formation professionnelle relève des régions »,

 

Alors que le prochain CFP prévoit une augmentation de 50 % du budget Erasmus, les membres de la coalition et les représentants de l’UE estime que cela ne suffira pas à atteindre les objectifs fixés par la recommandation de mai 2024.

 

« Le budget annuel d’Erasmus+ pour l’EFP est en hausse depuis 2021, mais la demande dépasse largement les crédits disponibles. Il faudrait veiller à ce que tout apprenant qui le souhaite puisse partir en mobilité » a déclaré Mme Pacaud.

 

Pavlina Krouzkova de l’agence Erasmus+ en Tchéquie a ajouté :

 

« Si l’on compare le CFP 2028-2034 au précédent, la part du budget consacrée à Erasmus est plus faible. »

 

En réponse à ces préoccupations, la commissaire Mînzatu a réaffirmé son soutien à la mobilité des apprentis :

 

« Nous travaillons avec nos collègues du Parlement pour obtenir un budget global ambitieux, et le plus important possible pour Erasmus » a-t-elle déclaré. « Vous pouvez compter sur moi comme fervente défenseure de l’EFP, de l’amélioration de la situation des apprentis et de leur mobilité. »

Analyse des enjeux et solutions proposées par la coalition

Parce que les apprenants de l’EFP et les apprentis doivent concilier leurs engagements à l’école et en entreprise, toute mobilité doit être convenue entre les deux parties. Cette dualité rend d’autant plus essentielle la contribution des acteurs institutionnels pour formaliser les processus et impliquer à la fois les étudiants et les employeurs.

 

Comme l’a rappelé Mme Festi, rendre les dispositifs de formation professionnelle compatibles à l’échelle européenne est un défi majeur, les politiques d’EFP et d’apprentissage étant propres à chaque pays, voire à chaque région.

 

A cet égard, la diversité de la coalition est déterminante. En réunissant gouvernements régionaux, centres de formation, organisations professionnelles et agences Erasmus+, elle permet de croiser les approches et de construire des solutions adaptées à chaque contexte.

 

À travers ses actions, la coalition contribue à l’objectif fixé par le Conseil de l’UE de 12 % de mobilité. En 2024, ses membres ont déjà organisé plus de 20 000 mobilités d’apprentis, notamment grâce au programme Erasmus+.

 

En tant que réseau d’organismes d’appui à la mobilité, la coalition entend aller plus loin et concentrer ses efforts sur trois priorités :

     

  • Concevoir des projets de mobilité complets, avec des acquis d’apprentissage reconnus ;
  • Renforcer la formation et les ressources des coordinateurs de mobilité, grâce à un réseau structuré d’acteurs de soutien ;
  • Plaider pour un financement adapté et des cadres juridiques favorables spécifiquement dédiés à la mobilité des apprentis et de l’EFP.